A quand une grève générale ? 

Quand l’efficience devient un drame pour l’humanité…

Les métiers du social sont en train de mourir ; le capitalisme est aussi dans nos rangs. Le monde des grandes institutions financières est bien ancré dans nos territoires. La globalisation de l’économie, a pu et su s’affranchir de la tutelle de l’Etat. La disparition des grands acteurs sociaux en est aussi une preuve visuelle sur le secteur du 2-3 à Marseille.

Pourtant les victimes sont bien silencieuses. En effet, on commence à observer une absence presque totale de mouvement social même parmi les travailleurs sociaux. A croire que les élites ont bien su s’organiser pour faire passer auprès des gouvernements leur vision. J’y vois du chantage et de la peur quand j’entends « … C’est comme ça, on n’y peut rien car on pourrait perdre notre emploi…», ou encore «… On n’a pas le choix, si on veut être attractif, on doit être compétitif et il est sain de le dire… »…

Ainsi, ceux qui refusent la concurrence refuseraient implicitement la liberté de choix des consommateurs. Cette vision n’est pas la mienne : nous ne pouvons pas transposer le système économique au système social. Il est tout aussi incohérent à mon sens de parler de « client » dans le social pour designer les personnes accompagnées, comme j’ai pu l’entendre lors d’une réunion de travail au sein d’une association Loi 1901, dont les dirigeants parlent comme s’il n’y avait que l’aspect financier qui compte.

L’individu doit-il être « acteur de son projet » ? Bien évidemment, mais sans le pousser vers la consommation ! Un individu doit construire son projet personnalisé et nous devons l’accompagner dans ses démarches, sans pour autant le considérer comme « client de nos prestations ».

Le capitalisme a en réalité pour principe de base la recherche à tout prix d’un profit, peu importe les conséquences. De ce fait, on devrait accepter de faire « plus » avec « moins de moyens », tout cela afin de garantir « un maximum de prestations en étant le moins cher (compétitif) possible », au bon désir des financeurs. « Les appels à projet seraient ainsi gagnés » … C’est la loi du marché, la loi du plus fort ! On se doit d’être « les meilleurs », « les bons élèves » pour acquérir le plus de marchés possibles.

Les entreprises ne peuvent pas défendre l’intérêt collectif : il est contraire à leur nature. Elles ne prennent en compte que leur intérêt propre, ne décident que pour elles et sont en perpétuelles concurrences les unes avec les autres. Les associations ne peuvent donc pas être des entreprises. Sinon, tant qu’a faire, changeons le statut des associations pour plus de transparence, et on pourra enfin garder les excédents pour faire du profit.

Certains voient à travers le capitalisme l’enrichissement collectif, le progrès, ou encore le développement économique et personnel. La réalité, c’est qu’avec le capitalisme nous avons des équipes au bord du gouffre, un véritable générateur de crises sociales et économiques, incompatible avec les avancées telles que l’esprit écologique, l’éthique ou encore la déontologie professionnelle.

Il détruit l’économie locale et ne fait que renforcer les inégalités. Les riches deviennent de plus en plus riches, les pauvres eux de plus en plus pauvres. La disparition et l’affaiblissement des acteurs sociaux et des services publics viennent là encore renforcer l’iniquité de notre système.

Le capitalisme tue !

Nous devons rendre compte de notre travail en misant sur sa visibilité qualitative plus que sur son aspect quantitatif. Voilà où seront nos « sorties positives ». Il est difficile d’entendre les termes « efficience » ou « compétitivité » lorsque l’issue de notre travail a des conséquences directes dans la vie quotidienne d’êtres humains, et d’autant plus avec un public en situation de grande précarité. Car NON, ils ne font pas le choix d’être « bénéficiaires » de prestations sociales.

Nous devons lutter contre ce fléau. On nous répondra : « Mais alors, que faut-il faire ? Une grève générale ? »… Et bien OUI, c’est probablement et malheureusement la seule façon d’avoir ne serait-ce que la possibilité d’arracher des concessions significatives. L’intérêt des salariés étant collectif, nous devons miser sur le capital HUMAIN, voilà notre seule véritable richesse et cela n’a pas de prix : l’humain avant l’argent.

 

Katia Yakoubi

 24 décembre 2017 à Marseille